L'ESPACE EST UN DOUTE
Cette série évoque la notion du point de vue que l’on porte sur l’espace qui nous entoure. Grâce à cette expérience sur la perception de l’image, l’idée est de partager sans la transformer, ma vision de la réalité, tout en proposant de regarder notre environnement sous un angle différent.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas de collage, de découpage ou d’images générées à l’aide de l’intelligence artificielle. Il ne s’agit que de la réalité. Je retourne simplement la photographie et je travaille assez précisément sur le cadrage. Au premier coup d’œil, on cherche instinctivement à se raccrocher à la réalité en recherchant des repères visuels. Notre regard se fixe sur certains éléments et la compréhension de l’image devient de plus en plus complexe. Au bout de quelques instants, le cerveau définit de nouveaux repères et une nouvelle image apparaît. La concentration de bâtiments, l’accumulation de toits imbriqués, la cohabitation d’architectures anciennes et modernes, les jeux de formes, d’ombres, de matières, de couleurs, donnent une esthétique de la ville à la fois familière et renouvelée.
Le doute, c’est lorsque les gens regardent ce qui les entourent d’une autre manière. Cette notion fait partie intégrante de mon travail. Je ne cherche pas à changer la ville, à la transformer. Je tente, par le biais de cette série, de nous faire perdre le contrôle sur notre vision du réel et nous laisser ainsi dériver vers de nouveaux espaces indéterminés.
« Lorsque rien n’arrête notre regard, notre regard porte très loin. Mais s’il ne rencontre rien, il ne voit rien ; il ne voit que ce qu’il rencontre : l’espace, c’est ce qui arrête le regard, ce sur quoi la vue bute : l’obstacle : des briques, un angle, un point de fuite : l’espace, c’est quand ça fait un angle, quand ça s’arrête, quand il faut tourner pour que ça reparte. »
Extraits « Espèces d’espaces » Georges Perec